SENSATIONS, JUGEMENTS, ÉMOTIONS, INTENTIONS,
INCLINATIONS…
Dans nos ressentis, dont il ne faut
pas douter de l’existence, il y a dans ce qui se rapporte à notre survie
plusieurs domaines que nous avons tendance à confondre, que nous devons
distinguer et apprécier les nuances.
La souffrance et la jouissance sont
des sensations qui peuvent être kinesthésiques (perçues dans notre corps) ou
mentales (dans notre esprit). Ce sont des qualia d’une réalité indubitable aux
deux extrêmes d’une échelle dont le milieu caractérise l’aponie, l’absence de
trouble physique, et l’ataraxie, l’absence de trouble psychique. Notre organe
de commande se trouve décentré par rapport à ces impressions qui n’émanent pas
d’elle-même et qui pourtant, n’existent que mentalement car elles n’ont aucune
réalité biologique même si elles sont induites par des faits physiques.
Les sensations précédentes sont jugées
positives ou négatives, bonnes ou mauvaises, saines ou malsaines. Si l’action
de juger est une réalité objective, le verdict du jugement est subjectif,
d’autant plus si c’est un jugement moral en bien ou en mal, fonction de notre
éthique ou de nos croyances.
Notre direction volontaire réagit de
deux façons, d’abord par une satisfaction ou une déception relativement à ses
objectifs plus ou moins conscients. Selon les cas, elle en éprouvera du plaisir
ou du déplaisir, selon qu’elles comblent ses désirs. Du plaisir en atteignant
son but, du déplaisir si ce moyen n’était pas efficace, par exemple pour
apaiser sa faim ou étancher sa soif avec un aliment non comestible ou une
boisson aigre. Ensuite, elle peut exploiter ou s’inquiéter de ce qui arrive, et
développer toutes sortes d’intentions pour y faire face. Le plaisir est interne à cette fonction et non décentré, et donc pas obligatoirement lié à la jouissance, ce qui explique le masochisme.
Des émotions peuvent se déclencher de
tout ce qui précède dans un sens positif ou négatif, pour approuver ou
sanctionner ce qui se passe, peur, joie, sérénité, colère, espoir, mépris,
soumission, tristesse, qui vont perturber notre concentration, nos analyses et
nos prises de décision. Ces émotions sont distinctes donc décentrées de l’appréciation du plaisir
qui appartient à la fonction volontaire, mais peuvent l’influencer.
Plusieurs de nos fonctions mentales interagissent
concomitamment les unes sur les autres : la motrice apportant des
sensations corporelles, le jugement arbitraire qui les apprécie, la source
émotionnelle qui sanctionne, la direction volontaire qui évalue, désire et
décide, sollicite l’analytique pour obtenir des solutions en cas de problème.
Et tout cela forme un nuage de sens confus dans lequel il est bien difficile d’en
distinguer les éléments surtout si nous sommes entraînés par des émotions.